Ouverture des Rencontres #MlfNumérique


Mot d’ouverture de Christophe Gallais, proviseur du lycée français Molière de Saragosse :

Discours d’ouverture de Jean-Christophe Deberre, directeur général de la Mission laïque française :

2014, 2015 : deux congrès sur le numérique éducatif

  • Saragosse, un congrès de confrontation avec le numérique à l’école : « le numérique élève, réunit, innove »

« Refonder l’école avec le numérique, ce n’est pas la vassaliser ni la rafistoler… c’est la construire avec un outil qu’il faut observer et apprendre à maîtriser comme une règle de vie individuelle et collective… une nouvelle chance pour mieux élever, réunir et innover au service de la réussite et de la responsabilité… »

« Une révolution culturelle » ; nous sommes le numérique (les jeunes), nous sommes tous embarqués (les vieux) ; l’école ne sera pas sauvée par le numérique mais elle ne pourra plus s’en passer.

Humanisme, nouvel humanisme : Communication, citoyenneté, autonomie : construit par le numérique et surtout, garde fous contre ses excès : l’immédiat/vs/le temps long de l’apprentissage, de la vertu, de la culture qui libère.

  • Dijon, un congrès sur la présence du numérique dans la pédagogie et dans le projet de l’établissement: « le numérique : communication, citoyenneté, autonomie »

« La pédagogie doit faire sens avec le numérique, si l’on veut éviter que l’usage numérique ne fasse sens par lui-même à l’école » ;

« Construire une communauté éducative plus solidaire », le numérique au service d’un projet collectif ; la notion apparaît de l’établissement comme communauté apprenante, comme espace de coopération ;

« C’est tout le projet d’établissement qui se trouve interrogé » avec une culture commune , un esprit de solidarité, de mutualisation, de mobilité, d’échange (plus de « sachants », tous des tâtonnants… experts.

 

Acte 3 : Saragosse 2 comme bilan depuis 2014-2015 et préparation du congrès 2019 : « bâtir une culture d’établissement »

Ce congrès part du principe qu’être porteur du projet éducatif français hors des frontières françaises suppose de réunir dans un collectif intelligent des personnalités de cultures, statuts, motivations, convictions, talents, différents, en tout cas hétérogène, pour en faire un collectif solidaire autour de principes philosophiques, de convictions, d’une culture, de stratégies pédagogiques communes et partagées.

Comment faire de cette diversité une identité collective lucide où chacun apporte sa part grâce à des outils communs ?

Vaste programme, aurait dit le Général.

Mais à ne pas le faire que constate-t-on, quel est le coût de l’inaction ? Des efforts énormes et répétés des équipes de direction pour réunir ; des trous dans la raquette des compétences, des pratiques, des convictions ; trop souvent des établissements qui tournent comme des moteurs qui s’étouffent vite, des pertes de temps, en un mot : un déficit de confiance et de cohésion.

Question pour ces 3 journées : en quoi le numérique peut-il aider à bâtir cette culture d’établissement ?

Vous allez préparer le congrès avant les autres ; en partageant vos réflexions sur votre pratique numérique : Si, pédagogues, administratifs, tous ensemble.

C’est le premier angle d’attaque de notre sujet : vous avoir réunis issus de ces trois catégories ensemble c’est comprendre comment se construit une communauté éducative solidaire avec le numérique (pas autour de ou pour, ce qui n’a aucun intérêt car il est un outil) ; comment partagez-vous vos cultures professionnelles ? Comment apprenez-vous les uns des autres alors qu’en commençant, les uns ne connaissaient rien à l’école que ce qu’ils en retenaient de leur histoire d’élève, les autres avaient leur propre approche du numérique, personnelle et professionnelle, les autres enfin étaient chargés de « piloter » le tout. Quel est le secret de fabrication d’un collectif apprenant avec le numérique ? Quels sont l’intérêt, la place, les termes de référence d’un comité numérique qui puisse  toucher tout l’établissement ?

Le second, (il n’y a d’ailleurs pas vraiment d’ordre dans ces questions) : comment se construit un système d’information adapté à son objet ? Quels tâtonnements, quelles certitudes, quels partages pour aboutir à un dispositif (équipements, logiciels et applications, réseau, partenaires… ?) qui tienne la route pour constituer l’architecture intellectuelle et physique d’un établissement apprenant avec le numérique et cohérent en réseau?

Le troisième, c’est l’humain : comment apprendre mieux ensemble avec le numérique ? Apprendre, mais qui ? L’élève, il est là pour cela ; le professeur avec ses pairs, il est là pour enseigner mais ne peut le faire bien que s’il est à l’écoute des savoirs donc des autres, de la connaissance qui bouillonne partout autour de nous, et dont chacun de nous ne perçoit peut-être que 10% de ce qu’elle est, dans le meilleur des cas ? Car nous sommes des êtres définis dans le temps et l’espace, chargés de transmettre aux jeunes la façon de percevoir et comprendre ce qui est infini, et nous ne pouvons le faire que si nous acceptons de devenir des êtres augmentés, par le partage de l’intelligence des choses. Or, le numérique est un peu comme un accélérateur de particules : il fait que la vie va plus vite, plus loin, plus immédiatement, avec le risque de faire de la connaissance un flux permanent au détriment du fond, qui demande du temps.

Quant aux parents, ils suivent, résistent, ne suivent pas, veulent comprendre et c’est nécessaire car ils peuvent eux dans leur coin avoir un rôle d’adjuvant ou de frein à l’aventure des apprentissages.

L’humain dans la culture d’établissement ce serait donc :

  • Le numérique au service des stratégies pédagogiques : que pouvez-vous en dire aujourd’hui ? On balbutie, on a des expériences probantes à montrer, est-on dans l’artisanat encourageant ou à l’aube de gammes d’usinage de la transmission moderne ?
  • Le combat contre l’illectronisme pédagogique : je suis sûr que dans vos communautés scolaires, vous avez de tout : le talentueux qui galope avec son kit numérique et qui bluffe les élèves, une majorité attentive et un peu inquiète et, tapis dans les couches alluvionnaires de la pédagogie écrite, les réticents et les opposés qui pour des raisons toutes explicables (l’âge, le non accès, la résistance culturelle), vivent le numérique comme une souffrance souvent muette : comment construire un collectif solidaire avec et par le numérique qui prélude à une communauté apprenante assumée ? La formation dans le projet local… ESSENTIEL. Faire sens avec le numérique c’est faire société avec.
  • Le numérique au service d’un établissement et d’un réseau scolaire responsables : quels sont les outils du partage, les projets qui marchent, la mesure possible des effets d’un collectif qui se construit ? Il faudra ici montrer quelles entrées sont prises : les disciplines les plus appétentes d’usage numérique ; les domaines au contraire les moins touchés par… et où on en aurait grand besoin : la vie scolaire? L’interdisciplinaire par le projet, clé d’une éducation du future quand notre système y résiste encore beaucoup ? La culture (classes culturelles numériques)…

N’oublions pas enfin que le rôle de l’école c’est de faire le lien entre les connaissances et leur usage ; le numérique est la rencontre d’une science, l’informatique, elle-même fille d’une autre science, la mathématique, et des usages sociaux ; comment ne serait-il pas l’exemple même de ce que doit être chaque établissement : une école du numérique pour devenir une école numérique ?

Quel est le livrable ?

Beaucoup d’établissements ont travaillé pour leurs premiers pas avec le cadre d’auto-positionnement emprunté à certaines académies comme celle de Dijon. Outil encore utile si je puis dire, mais nous pouvons maintenant grâce à vous aller plus loin.

Aujourd’hui, la commande est autre : il s’agit d’une contribution à verser au congrès 2019 qui dirait comment le numérique participe à la culture d’établissement : comment il aide (ou n’aide pas) à la construire, la développer, la partager avec les différentes parties de la communauté éducative ?  Les conditions pour qu’elle advienne vraiment et concerne tout le monde ? La façon dont elle peut aider à définir et partager là encore des stratégies pédagogiques qui fassent sens dans l’établissement : au service de la continuité des apprentissages de la maternelle au baccalauréat, qui aident l’élève dans ses progressions et à son rythme, qui renforcent la confiance entre générations, catégories, acteurs et notamment les parents ? Et qui désigne les outils qui ont véritablement à ce jour faire leur preuve ?

Pas une charte, pas une déclaration qu’on signe au pied de la page, pas un manifeste qui claquerait comme une façon de se mettre à genou devant le numérique : mais un guide ouvert à partager, actualisable pour construire avec le numérique un établissement scolaire à la fois plus ouvert, plus solidaire, plus réactif et plus éthique, comme une société de demain que l’on veut aider à devenir.

 

Enfin de très vifs remerciements pour : la préparation de cette réunion ; pour tous ceux qui dans tous les établissements nous ont aidé à grandir. Je salue votre enthousiasme, et ce temps immense que vous acceptez, je le sais, nous le savons très bien, de mettre au service de notre nouvelle modernité. Et puis, pour les experts, partenaires qui croient en nous et sont toujours là pour accompagner notre projet.

Jean-Christophe Deberre, directeur général de la Mission laïque française